Le théâtre Michel Audiard

Une programmation à contre-courant donc puisqu’elle échappe à tous les dogmes des politiques culturelles actuelles qui ne programment que des pièces soi-disant intellos et donneuses de leçons durant lesquelles, si les spectateurs font la queue, c’est pour sortir et où l’on s’ennuie à tel point que même certains acteurs partent avant la fin.

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Sans parler du théâtre subventionné qui accouche de spectacles privés de public et d’un public privé de gaité. Car il faut bien le dire, un théâtre où on ne rit pas est un théâtre dont on doit rire.

Sans oublier les pseudos nouveaux comiques que la télé nous impose et qui ne se faisant rire qu’eux-mêmes avec les mêmes vannes recongelées et décongelées, ne sont écoutables que sur micro-onde.

 

Non, ici, notre seul désir, c’est de vous faire sourire. C’est de vous distraire en assurant un service public anti-maussaderie qui permet d’oublier, le temps d’une représentation, l’ambiante morosité.

 

Et pour ce faire, nous vous avons proposé cette année, et récidiverons l’année prochaine, une programmation de spectacles gais et multi générationnels composés d’artistes, certains débutants sur les planches et d’autres s’approchant de l’âge où on finit dedans. 

 

Des artistes qu’on pourrait appeler des Docteurs du rire puisqu’ils partagent le point commun avec les chirurgiens esthétiques de vouloir dérider leurs contemporains, le point commun avec les gynécologues de travailler à l’endroit où les autres s’amusent et le point commun avec les proctologues de mettre le doigt là où ça fait mal, en évitant d’aller trop loin.

 

Voilà pour le fond ! Maintenant pour le nom ! Pourquoi Michel Audiard ? Pour répondre à cette question, un peu d’histoire :

 

Comme vous le savez, en 1946 fut proclamé le décret scélérat qui abolit les propriétés de tolérance dans lequel Marthe Richard ne rechigna pas au pléonasme de fermer des maisons déjà closes et d’éteindre définitivement les lanternes rouges, bien avant que les économies d’énergie ne deviennent une préoccupation nationale. 

 

Alors, les artisantes du plus vieux métier du monde, contraintes à l’exil périphérique, ont quitté leurs petits palais pour la grande couronne et notamment la Vallée de Chevreuse.

L’offre attirant la demande, pendant les décennies qui suivirent, on vit dans notre belle vallée, rebaptisée pour l’occasion Vallée de la flûte, Le gratin du cinéma et du spectacle venir officiellement pour se délecter de la gastronomie locale et officieusement donc, pour soutenir les petits métiers de bouches. 

 

Une seule de ces stars échappa au peloton (Et pour le « pe-lo-tons », écrivez-le comme vous le sentez) puisqu’il était déjà local de l’étape, ayant épousé avant-guerre une native de Dourdan : Michel Audiard.

 

Cet ex-gavroche parisien préféra en effet la douceur de vivre d’une colline yvelinoise au tumulte d’une butte montmartroise et les réveils au son des rossignols qui chantent à celui des pigeons qui toussent.

Toujours accompagné de son couple de bergers allemands, ce titi aux deux toutous, depuis son grand bureau planté au milieu des arbres, réussit dans toutes les branches du cinéma.

 

D’abord, bien sûr, comme dialoguiste. Personne n’a oublié les centaines de répliques culte qu’Audiard mit dans la bouche de Gabin, Ventura, Blier, Fresnay, Belmondo et tant d’autres.

Puis comme auteur en écrivant et adaptant des chefs d’œuvres tel qu’un Singe en Hiver, les Vieux de la vieille ou les Grandes familles.

Puis enfin en tant que metteur en scène en ayant réalisé des films farces à noms à rallonge : Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages, Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques et cet éloge prémonitoire à Marlène Schiappa : Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais elle cause. "

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Paul Dureau